samedi 24 avril 2010

La limite

"Suspendue à un fil dans le vide"... voilà l'image qu'elle a d'elle-même à ce moment précis où elle a raccroché avec "son ex". Oui, c'est "un ex" maintenant, c'est lui qui le lui a signifié. "Suspendue au néant" peu de jours auparavant où elle a pété les plombs à son travail... trop de pression, trop de choses négatives à gérer avec "son ex maintenant", ses filles adolescentes aujourd'hui... Elle ne supportait pas de le voir s'éloigner d'elle... Une remarque de trop via son patron et c'est parti "si c'est comme ça, je m'en vais". Elle a claqué la porte, sans se retourner. Elle ne s'est même pas sentie soulagée de l'avoir fait mais elle n'a pas eu le choix selon elle.
Elle est là maintenant chez elle, seule, ses filles au collège, les placards vides des effets de "son ex", sans revenus... Elle va exploser... Ses tempes tambourinent, elle sent cette tension au niveau des cervicales, son estomac noué... Elle se met à crier, elle ne reconnait même pas sa voix, la fureur qui sort d'elle l'insupporte... Elle est là par terre, en position foetale, elle hurle tel un animal apeuré... Des cris de désespoir, de tant de souffrances supportées pour rien... Elle entend des voix à sa porte, la sonnette... Elle est incapable de bouger, elle continue de crier sa fureur... Elle aperçoit ses anti-dépresseurs sur le coin de la table... Elle ne voit plus rien mis à part ce tube de cachets, elle le fixe... La sonnette se fait plus insistante... "Foutez-moi la paix" hurle-t-elle... Elle veut dormir, tellement elle se sent impuissante, inutile, inexistante... Elle esquisse un pas, lève le bras pour attraper ce foutu tube... Aucun son ne sort de sa bouche à cet instant... Elle avale ses médicaments pour se sentir mieux, pense-t-elle... Une sensation de chaleur l'envahit, elle sent son corps se détendre petit à petit et s'enivre de cette douceur, de ce sentiment de sécurité...
Tout s'est enchainé à son réveil forcé, elle souffre de douleurs à l'estomac, à l'oesophage, à la gorge... Que s'est-il passé ? Un lit inconnu, une pièce inconnue... Plus tard, elle dira que sa vie n'était alors "suspendue qu'à un fil", elle n'était concentrée que sur sa douleur. Depuis, elle a repris sa vie en main : ses filles, un nouveau travail... La limite est parfois si mince...

4 commentaires:

Shalima a dit…

Bien mince, oui...
(Joli texte, très accrocheur)

Mélia a dit…

merci toi :)

Maria a dit…

C'est très fort!

Mélia a dit…

Bisous Maria :)