vendredi 25 septembre 2009

Monde irréel - 4è partie

Le lendemain, l’infirmier la mène à la salle commune pour prendre le petit déjeuner. C’est une vaste salle, tables et chaises scellées au sol. Elle regarde dehors, le temps est gris. Elle scrute l’horizon « Mais qu’est ce que je fais ici ? » pense-t-elle. Elle a dormi d’un sommeil de plomb, sans rêves. Elle aperçoit d’autres personnes de tous âges. Certains bavent, d’autres semblent dans leurs pensées, d’autres crient, parlent tout seul. Les infirmières sont là vêtues de leur blouse blanche, on dirait vraiment des pauvres filles envoyées par Dieu, se dit-elle. Elle se demande si elle sont nues sous leurs blouses.
« Vire moi ces sales pensées de ta tête » dit une voix.
« Quoi ? » répond-elle tout haut.
« Vire moi ces sales pensées de ta tête »
« Putain, qui me parle ? » dit-elle plus fort.
« Vous avez besoin de quelque chose mademoiselle » dit une infirmière.
« Hein, quoi ?… Non, c’est bon ».
« Asseyez vous là ».
Elle est seule sur sa petite table. On lui apporte un café et une tartine de pain avec de la confiture. Elle n’a pas faim, elle regarde l’heure.
« Je ne mangerai pas ces saloperies. Où sont mes clopes ? »
« Vous les aurez après votre rendez-vous avec le psychiatre ».
« Hein, quoi ? mais je ne vous ai pas parlé vous » dit-elle à l’infirmière.
Elle ne s’est pas entendue penser tout haut. « Mais c’est quoi ce bordel » se dit-elle.
« Tu es folle ma fille » dit la voix.
« Quoi ? mais qui me parle ? » hurle t-elle.
« Restez tranquille mademoiselle, personne ne vous a parlé ».
Elle regarde l’infirmière, interloquée et se dit qu’il vaut mieux pas en rajouter si elle veut sortir de ce trou à rats.
9h, l’infirmier vient la chercher. Elle découvre le bureau du Dr Tourneboule, « Tout est sommaire ici » pense-t-elle. Un bureau, 3 chaises et des dossiers partout, elle aperçoit un dico, le Vidal.
« Mais c’est quoi ce truc ? ».
« C’est pour les fous comme toi » dit une voix.
« Mais qui êtes-vous ? » s’écrie-t-elle.
« Bonjour, je vous l’ai dit hier, je suis le Dr Tourneboule. Comment vous sentez vous aujourd’hui ? »

« Je veux m’en aller, je ne sais pas ce que je fais ici mais c’est une erreur et y’a un con qui n’arrête pas de me parler là, c’est quoi ce bordel ? »
« Dites m’en plus sur ce qui vous est dit. »
« Bah j’sais pas moi et puis, on s’en tape. Laissez moi sortir. »
« Vous êtes arrivée avant-hier. Vous souvenez-vous dans quelles circonstances ? »
« Non, je ne sais pas, avec toutes les piqûres que j’ai reçues et les cachetons, comment voulez-vous que je me souvienne de quelque chose et personne ne me dit rien. »
« Vous étiez chez une amie apparemment, elle a pris peur et nous a appelé. »
« Mais qu’est ce que vous racontez ? »
« Vous souvenez-vous de votre amie ? »
Elle réfléchit.
« De qui vous parlez ? Evidemment avec votre tronche de cake, vous ne devez pas avoir beaucoup d’amis vous. »
« Votre amie Pénélope ».
« Bah oui, évidemment que je sais qui c’est, on traîne ensemble après le lycée. »
« Vous étiez chez elle et elle a pris peur. »
« Peur de quoi ? Je ne comprends rien à ce que vous dites ».
« Vous fumez, je crois. »
« Oui je fume et alors. D’ailleurs où sont mes clopes ? »
« Je ne parle pas de cigarettes, je parle d’autre chose. »
« Mais de quoi je me mêle ? Non, mais j’hallucine là ! »
« Pète lui la gueule à ce connard. » dit la voix
« Quoi ? Mais merde qui me parle ? »
« Pète lui la gueule à ce connard. »
« Vous fumez depuis quand ? » dit le psychiatre.
« Pète lui la gueule à ce connard. »
« Hein, quoi ? Mais qui t’es toi ? »
« Je vous le répète, je suis le Dr Tourneboule. »
« Non, je te parle pas à toi. »
« Pète lui la gueule à ce connard. »
Elle se lève d’un coup, bondit sur le bureau. Elle hurle « Connard, je vais te péter la gueule ! ».
Le psychiatre se lève d’un coup. « Calmez-vous mademoiselle »
« Nonnnn » elle prend le Vidal dans ses mains et le balance à la tête du psychiatre.
« Raté » lui dit la voix.
Elle n’a pas le temps de se jeter sur lui, deux infirmiers sont entrés dans le bureau et elle est maintenue au sol. Elle hurle à s’époumoner « Foutez moi la paix ! »
« Ah ah, tu t’es fait prendre » lui susurre la voix.
« Laissez moi !!!! »
« Montez là dans sa chambre, une injection et je vais vous transmettre le traitement. » dit le psychiatre.

Elle a le temps de voir les autres patients en traversant le long couloir, puis la salle commune, personne ne bouge, tout le monde a le regard hébété. Dans sa chambre, de nouveau, les sangles sont mises.

3 commentaires:

lutecewoman a dit…

Très bien, on avance, je me demande où tu vas ainsi, maintenant que tu as posé les jalons ?

Shalima a dit…

Gasp, ça fiche la trouille, on s'y croirait !

Mélia a dit…

@lutecewoman, je peux la faire version longue mais je crois que je vais opter pour la courte ;-) je ne veux pas lasser mes peu de lecteurs :-)

@shalima, cool mon but est atteint alors ;-)